
Saint-Martin
Armand Piccand s’est éteint à son domicile mardi 16 juin. Il cheminait dans sa 91e année. Un dernier hommage lui a été rendu vendredi, en l’église de Saint-Martin.
Armand est né de l’union de Célina et Joseph. Il a effectué son école obligatoire, puis s’est engagé à la tourbière dès ses 16 ans. A l’époque où il convolait en noces avec Hélène, l’institutrice du Jordil, il a commencé plus sérieusement à se charger du petit domaine de ses parents: sept poses en six morceaux et cinq ou six vaches pour le lait.
Armand était fluet, mais fort et courageux. Il a grandi et mûri à une autre époque: on travaillait dur et l’on prenait le temps de faire les choses. C’est ainsi qu’on le découvrait non seulement paysan, mais aussi musicien (il était un membre fondateur de la Fanfare de Saint-Martin), comédien (notamment dans Les misérables où il partageait la vedette avec Hélène qui jouait Fantine), puis encore membre des Compagnons du cheval de la Gruyère, plaisir qu’il partageait avec son cher beau-frère, Roger. Quatre enfants sont venus peupler la modeste maison que le couple partageait avec les parents d’Armand: Pascal, Marc, Marie-Claire et Nicole. Armand a eu le bonheur d’accueillir successivement trois petites-filles, deux petits-fils et, dernièrement, une arrière-petite-fille.
L’année dernière, on l’a encore vu sur son tracteur à l’époque des foins. Armand Piccand n’a jamais eu de permis de conduire une voiture, mais il a su passer sans problème du bœuf au tracteur et négocier la révolution de la mécanisation agricole. Il a aussi vu sa ferme s’agrandir, puis se rénover, puis encore se transformer en stabulation.
C’est le jour de ses nonante ans, alors que toute la grande famille était réunie pour le fêter, qu’Armand a montré ses premiers signes de faiblesse. Bien qu’il adorât ses veaux, il venait de plus en plus sporadiquement les nourrir le soir. On le voyait de moins en moins souvent sur le banc devant la maison… Il est parti discrètement. La dernière Fête des mères restera pour chacun des membres de sa famille un souvenir touchant: Armand, toujours prêt à honorer les femmes et la terre nourricière était assis, là, avec les siens.
A sa famille, à ses proches et à tous ceux qui l’ont connu, La Gruyère exprime sa sympathie. GRU