
Ernest Schneider s’est éteint mardi à son domicile bullois. Il avait 94 ans. Un dernier hommage lui sera rendu samedi en l’église Saint-Pierre-aux-Liens, à Bulle. L’industriel Ernest Schneider naquit le 15 avril 1921, à Fribourg. Il est le quatrième des cinq enfants d’Ernest et Valérie Schneider-Kaeser. Son père était chef de train aux Chemins de fer fédéraux, sa mère, fille d’un cordonnier de Marly. Après ses études au collège et au Technicum, il fit son école de recrues dans les transmissions d’infanterie, en 1941. Devenu officier du régiment d’infanterie 7, il fut longuement mobilisé durant la Seconde Guerre mondiale. Il entra ensuite à la Fabrique fédérale d’armes, à Berne, qu’il quitta pour devenir militaire professionnel, responsable des transmissions au service de l’infanterie. Dès 1949, il fut chargé par le Conseil fédéral d’installer le premier réseau radio des ambassades de Suisse. En 1959, il accéda au grade de major et devint commandant du Bataillon 15, puis officier à l’état-major de la Brigade de forteresse 10. Au début des années 1960, au décès de son beau-père, l’industriel horloger Théodore Sfaellos, Ernest Schneider devint le directeur de l’entreprise Sicura, à Granges (SO). Rapidement, il accrut sa production en implantant des ateliers dans les régions périphériques, foisonnant de main-d’œuvre. Au milieu des années 1970, la société subit la crise provoquée par l’arrivée sur le marché des montres électroniques japonaises. Ernest Schneider en produisit, lui aussi, tout en continuant à croire en l’avenir de la montre mécanique. En 1979, Ernest Schneider racheta la société genevoise Breitling, dont les activités étaient au point mort. Il lui donna un nouvel envol en capitalisant sur l’attachement des pilotes d’avion de ligne à la marque. Trois montres illustrent sa vision: Aerospace, Chronomat et Emergency, fruit d’une collaboration avec les Frecce Tricolori, la patrouille d’élite des forces aériennes italiennes. Pour réussir dans sa carrière, il lui fallut faire preuve d’intuition, de vision, et de la conviction d’y parvenir, ainsi que faire preuve de courage pour entreprendre et s’imposer. Ernest Schneider pouvait se targuer d’un caractère fort, et d’une grande volonté. Il a fait preuve de tempérament et de résistance aux épreuves qui n’ont pas manqué de jalonner son parcours. Ernest Schneider est le père de trois enfants, Catherine, à qui il a transmis son amour des chevaux, Théodore, président-directeur de la société Breitling, et Valérie, qui gère sa propriété du Château d’Estoublon avec son mari. Ernest Schneider épousa en troisièmes noces la Bulloise Marie-Thérèse Morand en 2004. Il avait quitté Evillard pour s’installer à Bulle deux ans auparavant. Le cerveau d’Ernest Schneider n’a jamais cessé de fourmiller d’idées depuis son enfance. Il n’était pas homme à prendre du repos durant ses vacances. Un besoin d’activité exprimé dans sa passion pour la chasse. Ami de la nature, il la pratiquait depuis toujours, dans les Préalpes fribourgeoises, puis en Europe et dans le monde. Tout jeune, il souhaitait devenir missionnaire pour aller chasser en Afrique. Toujours président de Breitling, Ernest Schneider ne se rendait plus au bureau depuis cinq ans. Ses forces peu à peu diminuèrent jusqu’à la nuit de lundi à mardi où il s’éteignit, chez lui, comme il l’avait souhaité. A sa famille, à ses proches et à tous ceux que le décès d’Ernest Schneider laisse dans la peine, La Gruyère dit toute sa sympathie. GRU