Bulle
Ernst Schmidt s’est endormi paisiblement au Foyer de Bouleyres, le samedi 6 janvier, entouré de proches. Il était âgé de 89 ans. La célébration du dernier adieu aura lieu en l’église luthérienne de Berne, samedi prochain. Ernst Schmidt est né le 10 juillet 1934 à Oschatz, une ville de Saxe. C’est là qu’il grandit avec ses deux sœurs cadettes, nées peu après lui, et connut une enfance heureuse malgré la guerre. C’est là aussi qu’il rencontra, très jeune, sa future épouse Ina. Celle-ci était en effet en classe avec une de ses sœurs et affirmait, à 6 ans déjà, qu’elle allait l’épouser. Ernst voulut devenir ingénieur en textile, mais le régime communiste d'Allemagne de l'Est lui refusa ce choix. Sous prétexte qu’il était un fils de capitaliste – son père avait un magasin de vêtements – et que ces études étaient réservées aux prolétaires. A 20 ans, il partit donc en Allemagne de l’Ouest, officiellement pour des vacances, et obtint le titre convoité deux ans plus tard. Il travailla ensuite à Saint-Gall durant treize ans. C’est là qu’Ina le rejoignit et qu’ils se marièrent en 1961. Une cérémonie intime, avec huit invités seulement. Mais en Allemagne de l’Est, le père d’Ina organisait en même temps une grande fête réunissant les deux familles et les amis. Ayant aussi une formation de tailleur pour hommes, Ernst réalisa lui-même la robe de mariée d’Ina. Durant son temps libre, il confectionna ensuite des robes pour ses filles. Le couple eut trois enfants (Annette en 1965, Thomas en 1966 et Susanne en 1968), avant de venir s’installer à Bulle en 1969. Ernst y prit la direction d’une succursale d’Iril SA, entreprise suisse spécialisée dans la fabrication de vêtements féminins. Leur dernière fille, Christiane, naquit trois ans plus tard. En septembre 1989, toute la famille abandonna la nationalité allemande pour devenir suisse, deux mois avant la chute du mur de Berlin. Durant ses loisirs, Ernst appréciait nager, se balader et faire du ski de fond. Toujours élégant, il était amateur de musique classique. Père aimant, il était d’un naturel calme et gentil, ouvert sur les autres et sur le monde. Dans les années 1980, l’usine de Bulle ferma. Ernst occupa alors différents emplois, avant de devenir vendeur au magasin Excelsior à Lausanne. A sa retraite en 1999, le couple en profita pour voyager davantage, notamment pour rendre visite à ses enfants et garder le contact avec ses six petits-enfants. En 2008, Ernst perdit son épouse, emportée par la maladie. Il sut surmonter son chagrin et apprit aussi à se débrouiller, prenant même des cours de cuisine. Se sentant faiblir, il décida de lui-même d’intégrer le Foyer de Bouleyres en 2022, où il se plut après avoir habité 59 ans le même appartement, rue de la Léchère. En août dernier, il fut victime d’un AVC et déclina lentement. A sa famille et à tous ceux que son départ laisse dans la peine, La Gruyère exprime sa profonde sympathie. GRU