Sorens
Joseph est né le 10 juillet 1928 dans le foyer de Lucie et Paul Barras-Delabays, à Romanens. Tout jeune, entouré de ses cinq frères et sœurs, il a appris et aimé les travaux de la campagne. Il n’y a eu aucun doute pour lui: paysan c’était son métier, sa vie. Très tôt, il exploita les terres du domaine Grandjean. Et, bien avant que les associations ne voient le jour dans la profession, il unit ses forces à celles de son frère Armand, établi au village. Habile de ses mains, il avait une solution à tout; l’électricité, la mécanique n’avaient pas de secret pour lui. Il était un puits de savoir, de savoir-faire, et aimait le transmettre. Quand les travaux de la ferme lui en laissaient le loisir, Joseph aimait s’accorder un moment pour admirer ces Préalpes fribourgeoises qu’il aimait tant. Il n’était pas rare de l’entendre siffloter une mélodie ou un air bien de chez nous.
Empreint d’un solide caractère et grand travailleur, son visage s’adoucissait bien vite d’un large sourire pour entamer un brin de causette avec voisins, amis ou famille. On se souviendra aussi de sa ferveur sportive devant un match de foot ou un combat de boxe. Où donner de la tête, quel spectacle! Il y mettait tant de cœur et de passion que mieux valait laisser un peu de place à ses envolées autant physiques que lyriques!
Il a fait son chemin ainsi, beaucoup de travail parsemé de petits bonheurs: il ne manquait jamais de revêtir son bredzon pour les marchés de Bulle, la messe dominicale suivie de parties de cartes ou un tour en montagne avec des amis. N’ayant pas eu la chance de fonder une famille, il reporta son grand cœur sur ses neveux et nièces. Il demeura près de nonante ans à La Pernettaz où il y vit s’agrandir la famille avec bonheur. La maison qui l’a vu naître et devenir le solide gaillard qu’il était, l’a vu, il y a quelques années, perdre lentement ses forces. Il dut se résoudre à rejoindre le Foyer de Sorens. Là, saint Joseph, protecteur du lieu qui l’a magnifiquement accueilli, a dû voir sa peine et lui a permis de se faire de nouveaux amis. Tout particulièrement, un patoisant comme lui, grand chanteur et un brin farceur qui a été un joyeux comparse pour ce dernier bout de chemin. Un sage tenait des propos qui semblent résumer sa vie: «Finalement, de quoi a-t-on besoin pour être heureux? La santé, une famille, des amis qu’on aime et qui nous aiment.» Osons croire que Joseph a été très heureux. «A Rèvêre Dzojè!» lui disent ses proches. A eux, La Gruyère adresse sa sympathie émue. GRU